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Ferme des trois ruisseaux à Blanmont, les riverains veulent croire à un compromis.

Mais quel avenir donner aux fermes délaissées et vendues par d’anciens agriculteurs ou leurs héritiers ? Un problème bien connu en Wallonie et qui touche le quartier de la ferme des trois ruisseaux à Blanmont depuis plus d’un an et demi. Depuis le rachat de la ferme en 2022 par un entrepreneur actif dans le béton, les voisins de l’ancienne exploitation sont très inquiets de l’évolution des activités menées sur le site. Ils se mobilisent pour garder, tant que faire se peut, le caractère résidentiel de leur quartier. Car un problème est là. Les riverains sont en zone résidentielle très stricte en matière urbanistique et la ferme ne l’est pas selon les autorités communales.

Fin de l’année 2022, une entreprise de terrassement louait une partie de la ferme pour y entreposer ses camions. Le trafic devenait très important et les relations entre le locataire, le nouveau propriétaire de la ferme et les riverains s’envenimaient. L’administration communale a été sollicitée à de nombreuses reprises pour constater des manquements en matière de permis et trouver une solution. “On a fait une réunion de concertation, c’était très très chaud. Ensuite, une deuxième et, peu après, le locataire est parti. Le problème, c’est que la ferme est en zone d’habitat à caractère rural et donc permet certaines choses. Elle ne permet pas de l’industriel.” nous explique Thierry Champagne, Bourgmestre de Chastre.

Une vision que ne partagent pas les riverains de la ferme. Certains se sont sentis abandonnés par l’administration communale dans les premiers mois du conflit. “La commune n’a pas pris les choses en main assez vite. On a crié à l’aide pendant trop longtemps et on nous a ignorés. Il y a eu une forme de mépris de la part de la commune avec même, à l’époque, des discours maladroits de la part de certains qui minimisaient les problèmes.” nous explique Michaël Lammens, riverain direct de la ferme des trois ruisseaux. “On s’est aussi senti un petit peu floué depuis le début par l’administration communale qui, pour moi, n’a pas fait tout son travail du moins, ou un travail suffisant d’information. Parce qu’en tant que riverain, on a dû prendre le temps tout un chacun de lire le CoDT (Code du Développement Territorial), de lire le schéma de développement communal, de lire le règlement général de police pour savoir dans quelle pièce on jouait. Ce ne sont pas nos matières de prédilection.” nous explique Eric Huet, un autre voisin direct de la ferme.

Pour tenter de concilier les points de vue, la commune a proposé, en mai 2023, une médiation extérieure pour tenter de trouver un terrain d’entente entre un professionnel du béton qui souhaite utiliser l’ancienne ferme comme zone de stockage pour son matériel et les riverains qui craignent de nombreuses nuisances dans leur quartier. Mais depuis quelques mois, cette médiation s’enlise. Les riverains ont été conviés à une réunion publique vendredi dernier. L’ambiance y était une nouvelle fois tendue entre les participants. Certains ont quitté la salle. L’unité des habitants du quartier n’est plus là. “En tant que riverain, d’un côté, il y a une administration qui devrait pouvoir nous aider et qui ne le fait pas et de l’autre, on est face à quelqu’un (NDLR le propriétaire de la ferme) qui ne nous dit pas tout à fait ce qu’il veut faire dans son bâtiment. Certains peuvent se positionner en disant qu’ils sont catégoriquement contre. Moi, je veux me dire qu’on peut arriver à quelque chose.” nous explique Eric Huet. Pour Michaël Lammens, il faut trouver un terrain d’entente malgré de nombreux dépôts de plainte lors des enquêtes publiques qui pourraient faire capoter la médiation. “On est un peu pris par le temps. Il y a une fatigue mentale et morale. Est-ce que la médiation a encore tout son sens ? Qu’est-ce que le propriétaire va décider sachant qu’il peut subir un recours même s’il y a un accord lors de la médiation. C’est compliqué, on ne sait plus sur quel pied danser.” 

Lors de cette dernière réunion publique, le Bourgmestre constate l’échec de la médiation. Son souhait est d’arrêter ce processus. “Le temps avance et, dans notre fonction d’étude d’un permis comme pour toute personne peut le rentrer, on a des délais à respecter. On arrive à un moment donné où on sent bien que cette médiation ne fonctionne plus et que donc on leur demande de se dire est ce que vous voulez vraiment la médiation ou pas ? Si vous ne la voulez pas, on reste sur le prescrit de l’urbanisme, on étudie tous les avis et ensuite, le collège communal se prononcera” résume Thierry Champagne (Chastre 20+)

On le voit, les discussions sont très compliquées. Personne ne se fait confiance. Il y a une grande méfiance entre les riverains, les nouveaux propriétaires et l’administration communale. Pour les riverains, les discours de certaines parties changent au fur et à mesure des discussions selon les riverains.” Il n’y a pas de volonté de transparence ! Ça ne donne plus envie de faire confiance.” selon Michaël Lammens. Le dossier est loin d’être terminé. L’enquête publique s’est terminée le 5 juin dernier. Un avis doit être envoyé au fonctionnaire délégué. Le risque de retrouver le conflit devant les tribunaux est grand. Les riverains présents à la réunion de vendredi veulent se donner une chance de continuer le processus de médiation, mais l’unité du groupe n’est plus vraiment assurée.

En 30 ans, la Wallonie est passée de 29.000 à 12.500 fermes ! À Chastre, le nombre d’exploitations agricoles est passé d’un peu plus de 60 fermes en 1990 à 41 exploitations en 2022, soit une disparition de plus de 20 fermes sur notre commune.

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