Une sépulture exceptionnelle de Villeroux entièrement rénovée
Une sépulture de l’ancien cimetière de Villeroux datant de plus d’un siècle a été totalement restaurée cette semaine par Arnaud-Etienne et Mathieu, deux compagnons tailleur de pierre. Elle menaçait de s’effondrer sur elle-même depuis plusieurs années.
Denise Gillard, née en 1889 et décédée en 1909, n’avait que 20 ans lorsqu’elle a nous a quitté. Elle n’a pas eu le temps de laisser une trace indélébile dans la vie locale mais sa sépulture, exceptionnelle à plus d’un titre, a fait parler d’elle. « L’intérêt du monument est multiple : outre ses proportions, relativement importantes dans le paysage du cimetière (qui témoignent d’une certaine aisance matérielle), c’est surtout la symbolique. Nous avons là une grande sépulture dédiée à une femme ; dans un monde rural d’avant 1914, plutôt dominé par les hommes, c’est relativement rare de voir une telle ampleur pour une défunte. Enfin, l’urne sculptée qui coiffe la sépulture renvoie à la symbolique de l’incinération. Or, l’incinération n’a été autorisée par le Vatican qu’en… 1963 ! » nous explique Nicolas Servais, Responsable adjoint du Service cimetières à la commune de Chastre.
Après une année d’affichage légal, et sans réaction d’éventuels ayants droit, la sépulture est devenue une propriété de la commune de Chastre qui, maintenant, se charge de sa gestion. Suite à un premier appel d’offres, la sépulture a été démontée et placée dans le cimetière sur des palettes en attendant sa restauration.
C’est en 2020 qu’un second appel d’offres a été lancé pour le travail de restauration. Le tailleur de pierre de Jodoigne Arnaud-Etienne Fontaine a remporté cet appel d’offres et a commencé son travail la semaine dernière. « On est venu récupérer le monument ici au cimetière pour l’amener dans notre atelier à Jodoigne et y réaliser des travaux. Ici, au cimetière, on a remaçonné le soubassement en brique, on a fait une ceinture en béton et on y a scellé des poutrelles métalliques pour recevoir tout le poids du monument. Les anciennes poutrelles étaient complètement pourries. Il n’y avait plus de structure pour soutenir les pierres. » nous explique Arnaud-Etienne. Lui et son compagnon Mathieu, maçon, peaufinent leur restauration ce mardi matin. « Nous sommes deux à avoir travaillé sur ce projet depuis une semaine. Cela ne représente pas moins de 80 heures de travail pour la restauration, repositionnement et le renforcement de la fondation. L’idée est de laisser la sépulture dans son jus. On ne veut pas la sabler pour la garder telle quelle sans trop d’artifices. » nous explique le tailleur de pierre.
Ce travail a été réalisé dans le cadre du « plan de gestion des cimetières » adopté par le conseil communal de Chastre en janvier 2018. Il fait suite au Décret « funérailles » qui oblige les communes à inventorier et à préserver le patrimoine funéraire d’avant 1945. « Malgré la volonté politique de préserver le patrimoine funéraire, la charge que représentent certaines de ces sépultures d’importance historique locale est importante. Le soutien de la Province et de la Wallonie a donc été décisif dans ce projet, dont le montant global tourne autour des 12.500 €. Mais cet investissement permet tout à la fois d’honorer le savoir-faire et les défunts d’hier, pour les usagers du territoire d’aujourd’hui et demain. » nous explique Nicolas Servais. Le monument, désormais propriété de la commune, pourrait devenir, à moyen terme, un ossuaire lors d’une exhumation du cimetière. « Voici le cimetière de Villeroux équipé d’un ossuaire d’une grande qualité patrimoniale. » conclu le responsable adjoint du Service cimetières de Chastre.